21 septembre 2007

J'aime ce passage de Walter Benjamin:


Il y a un tableau de Klee qui s'appelle Angélus Novus.

On y voit un ange qui semble en train de s'éloigner de quelque chose qu'il fixe du regard. Ses yeux et sa bouche sont grands ouverts, ses ailes déployées.

L'ange de l'histoire aurait cet aspect-là. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous ne voyons qu'une chaîne d'événements, lui, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe qui entasse incessamment ruine sur ruine pour les renverser à ses pieds. Il voudrait bien s'arrêter, réveiller les morts et recomposer ce qui est a été brisé. Mais la tempête qui souffle du paradis entrave ses ailes, et elle est si forte qu'il ne peut pas les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers le futur, auquel il tourne le dos, tandis que, devant lui, le tas de ruines monte jusqu'au ciel.

Ce que nous appelons le progrès, ce n'est que cette tempête-là.

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