18 avril 2007

Virginia écrivait dans son journal:

George Eliot ne lisait jamais les critiques, car ce qu'on disait de ses romans l'empêchait d'écrire. Je commence à comprendre son attitude.
(V. Wolf, Journal, 5 décembre 1919)

Moi aussi, j'ai toujours compris cette attitude et lundi 17 avril, dernier jour de mon week-end à Hampstead (merci à Ketty et à son spritz à l'Aperol!), j'ai fait mon pèlerinage jusqu'au cimetière de Highgate, où j'ai d'abord rendu hommage à la grande femme, avant de m'approcher du tombeau à la grande tête (Karl Marx).

Je ferai néanmoins une exception, concernant la lecture des critiques, car il en existe parfois des miraculeuses qui visent au coeur même d'une écriture; c'est le cas de cette chronique de Bleu catacombes au titre pour moi magique: "NATURES MORTES":

Dense et singulier, ce roman au long duquel le temps enlace ralentis irréels, effervescence et urgence étourdit par l'insupportable normalité au coeur de l'oeil du cyclone de la démesure. Investies de la mission de Judith, de la magie de Circé ou par la folie d'une Ménade, les femmes se font face, s'évaluant sur un changement d'habitude, une intonation ou un tee-shirt passé à l'envers dont l'étiquette entrevue reflète une personnalité réversible, au-delà de l'apparence. (...)
De la disposition des corps décapités à la présentation théâtrale des têtes où l'ordonnance artistiques des ingrédients d'un repas sur un plan de travail, l'auteur agence ces natures mortes comme ses sujets inanimés, âmes perdues se condamnant à ne plus être aimées.
(Anne-Marie Ducorney, "Natures mortes", La Gazette Nord-Pas de Calais, 12 avril 2007)